22 mars 2017

Cruelles oiselles

Celles qui du ciel...




Celles qui avalent  des aiguilles à repriser chaque fois qu'elles sourient

Celles qui s'asseyent sur un siège de vertèbres
Celles qui tissent des persiennes d'ennui

Celles qui  ferment les fenêtres quand vient le printemps
Celles dont le deuil est l'exultation de la santé


Celles qui marchandent les romans photos
Celles qui voyagent dans les salles d'attente


Celles qui noient leurs parents dans des bassines en zinc
Celles qui sont un corps de trop ou pas assez tous les jours


Celles qui mettent des crocodiles empaillés sous le buffet Henri II
Celles qui ouvrent leur parapluie sous une averse d'horloges

Celles qui cirent les marches des escaliers en ruine
Celles qui tricotent des moufles pour le soldat inconnu



Celles qui entrebâillent leur corsage pour laisser respirer la vipère
Celles qui comblent les puits avec des hosties
Celles qui tombent des nues dans la fosse d’orchestre



Celles qui il ne m'a pas oubliée il viendra elle viendra dimanche prochain
était occupé n'a pas pu venir cette fois

Celles dont les vêtements tremblent dans les ascenseurs
Celles qui vont au théâtre à travers les trous de serrure


Celles qui ne connaissent qu'un seul nom de rue comme pays
Celles qui ne savent ni le prénom de leur père ni celui de leur mère

Celles qui voient la mer sur le couvercle de la boite de biscuits
le sourire de celles qui écoutent les pierres



Celles qui font de la tapisserie un bégaiement chromatique
Celles qui prient des chiens à géométrie variable


Celles dont la lampe de chevet est un gros rat noir hargneux
Celles coupables des crimes commis en rêve par des femmes grecques

Celle qui envoie la même carte postale de la tour Eiffel chaque nouvel an
Celles dont la mère est morte avant leur naissance


Celles pour qui ont des oiseaux morts comme frères
Celles qui entendent les voix des héros et ne comprennent pas la langue qu'ils parlent


Cruelles oiselles

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